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Les Harkis contestés ou une histoire controversée

mercredi 4 décembre 2013, par Maurice Faivre

Années 1990

Tandis qu’en mai et juin 1994, députés et sénateurs ont voté - à l’unanimité- une Loi affirmant la reconnaissance de la nation envers "les rapatriés, anciens combattants des formations supplétives en Algérie", les chercheurs commencent à exploiter les archives militaires et civiles, concernant l’histoire de ceux que l’on désigne sous le terme générique de harkis.

Avant que les archives ne fussent ouvertes au public, cette histoire a fait l’objet de témoignages des acteurs, et de commentaires politico-médiatiques, dont l’objectivité n’était pas la qualité principale. Selon les uns, les combattants musulmans, réguliers et supplétifs, se sont engagés dans le camp français par patriotisme, et restés fidèles à leur engagement, ont été abandonnés, par le gouvernement et l’armée, au couteau des égorgeurs du FLN. Selon les autres, c’est la misère qui les a contraint à prendre les armes ; peu opérationnels, méprisés par des cadres colonialistes (sic), tortionnaires à l’occasion, ils jouaient double jeu, et de ce fait n’ont pas choisi le rapatriement que leur offraient généreusement les négociateurs d’Evian. Sans doute les positions ne sont-elles pas aussi tranchées, mais ces tendances de type 1 et 2 continuent à s’opposer dans une guerre qui n’en finit pas, et qui malheureusement, en Algérie, ne se limite pas à des débats académiques.

Dans une étude sociologique tout à fait pertinente, un fils de harki, Mohand Hamoumou a soutenu une thèse [1] qui montrait, à partir de témoignages d’anciens combattants, que les motivations d’engagement étaient beaucoup plus complexes que leurs partisans ou leurs détracteurs ne l’affirmaient, et qu’à côté de la misère, et de l’attachement à la France, la principale raison était la volonté des harkis de protéger leur famille et leur village contre la violence des deux camps, et plus particulièrement contre les exactions du FLN. Hamoumou concluait sa thèse sur le triple silence de la France, de l’Algérie et des harkis eux-mêmes, qui souhaitent que l’on oublie la sanglante tragédie de 1962.

Historien de renom, spécialiste de l’Algérie d’autrefois, Charles-Robert Ageron a critiqué la thèse d’Hamoumou dans deux articles du Vingtième siècle (avril 1994 et octobre 1995), et dans un exposé à l’Institut d’histoire du temps présent, publié en septembre 1994 dans le Bulletin de cet organisme. Partisan d’une histoire critique qui s’appuie sur les documents mis à la disposition des chercheurs, il tend à dévaloriser le combat des harkis, qu’il présente comme des salariés à la journée, mal payés et mal armés, inefficaces au combat. Il cite des témoins, officiers français ou cadres de l’ALN, et des enquêtes de sécurité, qui les décrivent comme des éléments douteux, cotisant au FLN, et lui livrant des munitions. Relevant les bilans contradictoires des États-majors, il laisse entendre que le commandement, dans un but politique, manipulait les chiffres des effectifs, des désertions et des pertes.

Chercheur assidu au Service historique de l’armée, M. Ageron rectifie à juste titre certaines évaluations prématurées. Nos propres recoupements nous conduisent à retenir le chiffre de 9.300 déserteurs dont environ 3.000 supplétifs de 1954 à 1961, les accords d’Evian provoquant en 1962 7.400 désertions (dont 1.400 de supplétifs) supplémentaires, sans compter la débandade de la Force dite de l’Ordre (25.000 armes et 600 véhicules disparus). Les taux de désertion des supplétifs passent de 1,57 pour 1.000 en 1956 à moins de 1 pour 2.000 de 1959 à 1961. Dans une guerre subversive où les familles sont soumises à la propagande nationaliste et à des menaces souvent mises à exécution, cette proportion est étonnamment faible ; elle peut même être considérée comme un signe de fidélité. Dans le même temps, la proportion des ralliés de l’ALN atteint 10% des effectifs maxima réalisés. Quant aux pertes des combattants musulmans, elles s’élèvent à 4.500 tués au combat, dont 3.200 supplétifs [2]

S’agissant des effectifs des militaires et des auxiliaires, ils étaient suivis en mécanographie, budgétisés et contrôlés par l’Intendance. Leur prétendue manipulation laisse supposer que l’argent des soldes était détourné, que des masses d’armement étaient camouflées, et qu’il existait toute un sytème de truquage des chiffres, de l’EMA et du Recrutement.aux Corps de troupe. Le Général de Boissieu, qui nous a confirmé dans une lettre du 9 juin 1993 que le Président de Gaulle avait accepté - à regret sans doute - les 60.000 harkis demandés par le Général Challe, ajoute :
"En septembre 1959, l’Intendant Badoy est venu me voir pour m’indiquer qu’il payait déjà 66.000 harkis et qu’il n’avait plus d’argent" . En recoupant les archives d’Algérie avec celles de l’Etat-major de l’armée, on obtient en 1961, des maximas de 60.400 appelés, 27.700 militaires sous contrat, 62.900 harkis, 7.500 GMS, 19.100 moghaznis, 3.600 Aassès, et 32.800 autodéfenses , soit au total 214.000 musulmans sous les armes [3] sans compter 29.000 gardes des autodéfenses non armés en permanence, et 5.600 Marocains et Tunisiens stationnés en France et aux FFA, où ils participent au dispositif de l’OTAN. Les effectifs cumulés en huit ans sont proches de 400.000 (Réf. 7T 134 à 136, 1H 2456 -1376 et 2029).

Considérer les harkis comme des "ouvriers embauchés à la journée" traduit une méconnaissance des réalités militaires et de l’expérience qu’ont vécue les officiers français, aussi bien que les harkis interrogés par Hamoumou. Pour constituer une unité de combat - et contrairement à d’autres supplétifs, les harkis étaient des combattants - il faut quelques semaines de formation individuelle et collective. Les harkas amalgamées aux unités et les commandos de chasse étaient plus opérationnels que les unités de Français de souche, paras exceptés. Le service des harkis ne se compte pas en jours de service ; ils étaient soldés mensuellement, et la plupart ont servi au moins un an dans la même unité, comme le montrent les archives administratives de Pau et d’Agen. Ils étaient maintenus au service par tacite reconduction. En 1960-1961, 2.500 environ quittaient le service chaque mois, mais certains se retrouvaient à la SAS, au GMS ou à l’autodéfense.

Motivation alimentaire, patriotique ou sécuritaire, aucune de ces raisons d’engagement ne peut être écartée.Dans la situation économique de l’Algérie, personne ne pouvait être totalement désintéressé. Quant au patriotisme, 31% des musulmans sondés par M. Hamoumou déclarent que "les anciens combattants étaient pour la France". Ils ont chèrement payé dès 1954, cet attachement. Restent les pressions exercées par les deux camps. M.Hamoumou, au terme de son étude sociologique, et Mohamed Harbi, le critique marxiste du FLN, concluent que les exactions et injustices de l’ALN sont les principaux motifs d’engagement. S’engager contre l’ ALN, n’était-ce pas d’une certaine façon choisir le camp français ? Il paraît illusoire d’aller plus loin dans l’analyse, et de vouloir établir un classement entre des motivations oubliées depuis 40 ans.

S’il est vrai qu’en 1956 les premières harkas étaient équipées de fusils de chasse [4], dès février 1958 elles reçoivent 50% de fusils de guerre, et 100% en octobre (1H 2028 d5). En mars 1959, les harkas dites amalgamées sont équipées comme les unités régulières, les autres harkas, de type A et B, reçoivent soit de l’armement français, soit de l’américain, comprenant des armes automatiques (PM et FM), ce qui n’est pas sans choquer le Général de Gaulle. La même amélioration est apportée aux groupes d’autodéfense (GAD), qui passent de 6.740 fusils de guerre et 19.560 fusils de chasse en 1958, à respectivement 18.300 et 14.550 armes en juillet 1961.

Cette évolution dans l’armement souligne le fait que la confiance accordée aux harkis a progressé dans le temps, en même temps que leur statut administratif et le volume des engagements. Or M. Ageron semble ignorer cette évolution. Pas plus que la Révolution française, la guerre d’Algérie ne constitue un bloc. Jusqu’en 1957, le FLN a l’initiative sur le terrain, les cadres français sont méfiants et limitent les recrutements (Réf.7T 249 d2).

De 1958 à 1960 en revanche, l’initiative change de camp ; dès février 1958, les Commandants de Corps d’armée sont unanimes sur les services rendus par les harkis et estiment leur accroissement nécessaire (1H2028 d3). Tous les recrutements progressent alors, de 100% pour les engagés, 170% pour les appelés, 270% pour les harkis, à 450% pour les autodéfenses. Des relations confiantes s’établissent entre les cadres et les combattants musulmans.

Au début de 1961, la politique gouvernementale inquiète les officiers, et la déflation est aussi brutale que n’a été la montée en puissance. Certains combattants se rendent compte qu’ils vont être abandonnés et recherchent des gages du côté de la rébellion. Les rapports sur le moral varient donc selon l’ époque à laquelle ils s’expriment : prudence quand l’ALN a l’initiative, confiance quand l’armée gagne, inquiétude quand la politique de dégagement se confirme.
Alors que certains officiers n’avaient pas confiance dans le loyalisme des musulmans [5] , les Commandants de Division, de Corps d’armée, et le Commandant en chef, qui recevaient tous les rapports sur le moral, et les enquêtes de sécurité, exprimaient l’opinion générale, globalement favorable, sans ignorer les pressions que subissent les combattants en guerre subversive [6] Ils contredisent généralement les déclarations des témoins isolés, sélectionnés par CR Ageron :
 "Les harkis constituent un important appoint, dont la qualité et la valeur conditionnent l’emploi...leur loyalisme dépend de notre attitude et de notre constance" (Massu, fin 1959)
 "Ils sont ardents et sûrs dans la mesure où ils sont bien encadrés... Plus que toute autre catégorie de FSNA, ils craignent, pour leur propre sécurité, un compromis avec le FLN ...Ce sont les meilleurs chasseurs de fellaghas" (Challe, fin 1959)
 "Ardents au combat, faciles à commander, leur dévouement parfois intéressé nous reste acquis... Souvent amalgamés, ils ont pris conscience de leur rôle sur le plan opérationnel" (Olié, Constantine, fin 1959).
 "Engagés et harkis sentent que leur sort est lié à la présence de l’armée. Eléménts solides, déterminés au combat contre le FLN qui est leur ennemi personnel...Les bataillons de tirailleurs sont des régiments d’élite" (Vézinet, Oran, fin 1960).
Les appréciations changent à partir de 1961
 "Les Français musulmans partisans de l’Algérie française expriment leur inquiétude en raison des négociations engagées " (Préfet Tizi-Ouzou, avril 1961, Aix MA 24).
 "La même inquiétude provoque des désertions" ( Préfet Alger, juillet 1961, Aix MA 24).
 "Les supplétifs donnent satisfaction dans l’ensemble. Leur moral s’est heureusement ressenti des améliorations d’ordre matériel décidées en leur faveur. Bien que leur bonne tenue au combat soit signalée, leur fidélité est parfois mise en doute" (Ducournau, Constantine, fin 1961).

Cette mise au point ne prétend pas apporter toute la vérité sur l’engagement des supplétifs, qui formaient un ensemble non homogène, constitué de milliers (3.500) de groupes différents par la taille, la région d’appartenance, l’ethnie, les relations hiérarchiques… etc., mais qui tous, avec leurs qualités et leurs défauts d’hommes, participaient à la mission de lutte contre le FLN. Leur existence même contredit le mythe d’une nation unanime derrière le FLN, soutenu par les Algériens dès 1962, repris par les médias et par les historiens qui rédigent les manuels scolaires français, et qui désormais semble mis en doute en Algérie même. Ayant eu nous-mêmes à corriger nos premières évaluations, nous pensons faire avancer la recherche en corrigeant celles d’Ageron, laissant à d’autres chercheurs le soin de relever nos erreurs.

X

Dans ses articles de 1994, le professeur Ageron mettait en doute l’abandon des harkis et minimisait les chiffres du massacre de 1962. Il s’appuyait sur un message de M. Messmer du 8 mars 1962, sur une lettre de M. Pompidou du 19 septembre et de l’ Ambassadeur du 13 novembre, pour affirmer que le rapatriement était organisé, et que 41.500 supplétifs en auraient bénéficié de juin 1962 à juillet 1963, sans préciser qu’il additionnait ainsi les supplétifs et leurs familles. Il ne reprend pas cette thèse dans son article de 1995.

"Cette question, écrit-il, obscurcie par des accusations contre l’armée, contre le pouvoir gaulliste et des polémiques sans fin, ne pourra être traitée scientifiquement que lorsque toutes les archives civiles et militaires seront ouvertes ".

Or ces archives ont été ouvertes, grâce à plusieurs dérogations, au rédacteur de cet article. Elles sont publiées dans un livre récent [7]. Il est donc possible d’apaiser les polémiques en faisant une courte relation des décisions et des péripéties qui ont accompagné le "rapatriement" d’une minorité de harkis. C’est dès le mois de mars 1961 que le gouvernement se préoccupe de régler le problème des supplétifs. Le 15 mars 1961, puis le 26 juin et le 23 août, le Comité des Affaires algériennes prescrit la déflation des effectifs harkis, et la "civilisation" des SAS. Le Comité justifie cette déflation par un transfert de crédits destinés à financer 11 GMS et 4 escadrons de gendarmerie mobile (Réf. Affaires étrangères AE38). Cette déflation est réalisée sans licenciements collectifs, le flux des licenciements individuels et des départs volontaires restant stable à 2.500 par mois. Il faut même engager de nouveaux harkis, généralement plus jeunes, et en transférer quelques-uns dans les GMS et la Gendarmerie. Seules des autodéfenses sont dissoutes en 1961. Le désarmement des "harkas les moins sûres" n’est prescrit que le 13 mars 1962 par le Général Ailleret. Il reste alors en service 74.000 militaires musulmans dont 54.000 en Algérie, 42.000 harkis, 8.500 GMS, 18.000 moghaznis, 9.000 autodéfenses et 1.000 Aassès ; GMS et appelés sont transférés à la Force locale, les autres sont en voie de démobilisation.

Quant au rapatriement, il a été effectivement envisagé par M. Debré (réunion interministérielle du 17 février 1962 et création d’une commission de sauvegarde des harkis confiée à M. Massenet) et par la directive Messmer du 8 mars 1962. Il est organisé, sur le papier, par les directives Joxe des 7 et 11 avril et doit être protégé par l’armée, selon les ordres des Généraux Martin (EMIA) et Fourquet (CSFA) qui prévoient des initiatives de secours aux personnes menacées.

Le faible engagement des harkis dans l’armée, et le faible nombre des demandes de rapatriement s’explique alors : - par leur confiance envers les garanties d’Evian et le général de Gaulle - par le refus des familles de s’expatrier - par les promesses de pardon du FLN, dont la duplicité est confirmée par de nombreux documents.

Dans certaines régions, aucun choix n’a été laissé aux supplétifs. Ainsi dans l’Aurès, les désarmements eurent lieu par surprise. A Edgard Quinet, des mitrailleuses de 12,7 furent braquées par la troupe sur les harkis et leurs familles. Le préfet Tabti à Batna s’opposa aux rapatriements, et à Arris, la prime de recasement fut payée aux harkis à la sous-préfecture, en présence du représentant du FLN, auquel chaque homme versait "spontanément" l’enveloppe qu’on venait de lui remettre (P. Rivière, officier SAS et universitaire).

Les instructions du gouvernement relatives au rapatriement ont été incomplètement appliquées, mais surtout elles ont été annulées par des décisions contraires :
 en avril 1961, dans le dossier de la négociation : "l’installation en France n’est pas à prévoir, ni à encourager" (dossier Tricot, Aix MA 536 /1),
 le 19 avril 1962, par la dissolution de la Commission Massenet, décidée au Conseil des Ministres malgré l’avis réservé de M. Pompidou,
 les 12, 16 et 23 mai 1962, par l’interdiction des rapatriements non organisés (notes signées Joxe, Buis et de Gaulle),
 le 21 juin 1962, par le rejet du plan d’intervention humanitaire de l’EMIA, et la limitation des interventions au cas de légitime défense (Réf. F60-SGG des Archives nationales et AE 117 des Affaires étrangères),
 le 18 juillet, par les déclaration rapportées par Alain Peyrefitte (C’était de Gaulle, p.196),
 le 24 août et le 20 octobre1962, par les notes du Commandant supérieur : "impossibilité de donner du travail en France aux ex-harkis" ... "le ministre m’a fait savoir que les possibilités d’absorption de la métropole en hiver seraient largement saturées".

Il convient enfin de noter :
 qu’après le 21 juin 1962, jamais le Comité des Affaires algériennes ne s’est soucié du sort des musulmans menacés, bien qu’il fût tenu au courant des sévices graves qu’ils subissaient, et que le Commandement ait localisé avec précision plusieurs camps de détention (renseignements de valeur A/1 - 1H 1790 /5),
 la lettre de M. Pompidou et la première protestation de l’ambassadeur sont datées du 19 septembre, alors que les massacres sont connus depuis le 15 juillet,
 qu’au moment où de septembre à décembre 1962, on rapatrie 7.000 Français- musulmans, plus de 40.000 Algériens (70.000 selon certaines sources) sont accueillis en France, souvent commandités par le FLN (Notes des Affaires algériennes du 18 octobre et du 9 novembre 1962, Aix MA 164),
 ce n’est que le 22 décembre que "les attributions concernant les Affaires algériennes, précédemment dévolues au Ministre d’État chargé des Affaires algériennes, sont exercées par le Premier Ministre" (décret n° 62.1571). Cela explique peut-être que la lettre du Premier Ministre n’a pas reçu de commencement d’exécution.

Dernière incertitude, le nombre des victimes de l’épuration de 1962-63 ne sera jamais connu avec précision. Le chiffre de 150.000, calculé par péréquation par le Contrôleur Général de Saint-Salvy, et repris par le Colonel Schoen, paraît largement surestimé. Les chiffres cités par M. Ageron sont tout à fait sous-estimés.
Si l’on retranche du total des musulmans disparus (moins de 300.000 selon Yacono et Ageron), les pertes connues de la guerre, on arrive à une estimation comprise entre 50 et 70.000. La réalité du massacre, précédé du racket des primes de recasement, apporte une réponse tragique aux soupçons de M. Ageron et du général Buis sur le double jeu des harkis.

Quant au nombre des supplétifs et combattants "rapatriés" (expatriés serait le mot juste), il s’élève à 15.000, soit avec les familles 90.000 personnes, qui seraient aujourd’hui 400.000. L’histoire de leur accueil et de leur insertion en France reste à écrire. Elle est moins critiquable que ne l’ont dit certains auteurs. Il reste qu’une partie de leur communauté, en particulier de la deuxième génération, connaît dans le Midi de la France des difficultés de chômage difficiles à résorber.


[1Les Français musulmans rapatriés : archéologie d’un silence. EHESS.1989.

[2Et non 15.000 comme on l’a dit à la tribune de l’Assemblée. En 7 ans de guérilla, ces pertes ne sont pas négligeables. Vouloir les comparer, comme le faisait M. Ageron dans son article de 1994, à celles des Tabors du Garigliano, traduit une méconnaissance des conditions de la guerre d’Algérie.

[322.900 sont stationnés en métropole et en Allemagne. Les situations d’effectifs demandent un examen minutieux. Certaines statistiques en effet ne concernent que les effectifs Terre "instruits", auxquels il faut ajouter les cadres, les recrues à l’instruction , les autres armées, et le Sahara.
S’agissant des rebelles ralliés, un décompte de novembre 1960 les minimise à 2.772 dans les harkas et 235 dans les unités régulières.

[4Ce n’était pas le cas à la harka d’Arris, dont les 170 partisans disposaient en mars 1956 de 160 fusils de guerre, 8 PM Mat 49 et 2 FM

[5Cas du Général Buis, encore qu’en novembre 1959 il exprimait sa confiance dans ses subordonnés musulmans, et sa conviction que la victoire militaire et la politique du Général de Gaulle garantissaient "le maintien de l’Algérie française" (1H 2442 d1)

[6Le Commandement s’efforçait de prendre des mesures de sécurité en cas d’enquête suspecte. Ainsi s’est-il débarrassé de Bellounis. Mais il y eut des échecs (Kobus - Ben Chérif)

[7M. Faivre. Les combattants musulmans de la guerre d’Algérie. L’Harmattan. Octobre 1995